John Adams : comprendre la Révolution américaine en classe

La série John Adams a été produite aux États-Unis par HBO Production le 20 avril 2008. Ses repères historiques et sa grande qualité en font une série qui peut être présentée en classe d’histoire au secondaire pour comprendre la réalité sociale de La Révolution américaine (Programme de formation de l’école québécoise).

Président John Adams (Second Président des États-Unis d’Amérique)

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Source : John Adams, oil on canvas by Gilbert Stuart, c. 1800–15; in the National Gallery of Art, Courtesy National Gallery of Art, Washington, D.C., Gift of Mrs. Robert Homans, 1954.7.1, cité dans Joseph J. Ellis, John Adams President of United States, Encyclopédie Britannica, [en ligne], [https://www.britannica.com/biography/John-Adams-president-of-United-States], consulté le 21 novembre 2017.

La série compte une saison de sept épisodes de 70 minutes chacun. Les producteurs sont David Coatsworth, Gary Goetzman, Tom Hanks, Steven Shareshian et Kirk Elis. Le tout est écrit par Kirk Elis et basé sur le livre de David McCullough.

Affiche de présentation de la Série

Source : http://www.allocine.fr/series/ficheserie-3639/photos/detail/?cmediafile=18902692

Références aux Programmes de formation :

Programme de formation de l’école québécoise, enseignement secondaire, 1er cycle, chapitre 7, Les révolutions américaine et française, p. 361

Progression des apprentissages au secondaire, Histoire et éducation à la citoyenneté, cycle 1, p. 22 

Synthèse de la série
Le premier épisode introduit la télé-série dans son contexte historique des problèmes politiques, économiques et sociaux existants entre l’Empire Britannique et ses colonies d’Amérique : les Treize Colonies.

On entend parler du Boston Tea Party, et on assiste à une escarmouche entre des soldats britanniques et des habitants de Boston qui fait de nombreux morts. Il s’en suit le procès de ces soldats. John Adams, avocat de Boston, réputé « impartial », accepte de défendre les soldats étant donné qu’aucun autre avocat ne veut le faire pour ne pas s’attirer les foudres de la population et du groupe radical des « Princes de la liberté », groupe qui souhaite voir ces soldats être pendus.

On observe d’ailleurs durant le procès l’influence importante que ceux-ci ont sur les témoins. Malgré tout, un d’entre eux en vient à décrire véridiquement la scène, ce qui sonne la victoire de John Adams : les soldats sont graciés.

Le deuxième épisode de la série « John Adams » débute en 1775 au Massachusetts en Nouvelle-Angleterre. On y présente les ravages d’autres affrontements armés entre coloniaux américains et soldats britanniques. L’action se transporte ensuite à Philadelphie ou a lieu le Congrès des Treize Colonies. Des philosophes des lumières comme Benjamin Franklin et Thomas Jefferson s’y retrouvent. M. Franklin, ardent défenseur des libertés politiques et individuelles, s’exprime clairement dans l’épisode. Le congrès aborde d’abord la taxation sans représentation: un élément fondamental pour comprendre la suite des discours. Les dissensions règnent au sein du parlement sur les sujets polémiques présentés.

Ensuite, une attaque britannique sur le fort Bunker Hill est dénoncée au Parlement lors de la réunion suivante. Tous acceptent la nomination du Général Georges Washington comme chef de l’armée continentale qui sera formée plus tard au cours de la série. On discute de pétitions à envoyer au Roi d’Angleterre : certains sont pour, d’autres amènent l’idée d’une indépendance complète. On soulève même l’idée de demander un appui au Roi de France Louis XVI.

Enfin, John Adams, Thomas Jefferson et Benjamin Franklin écrivent ensemble la Déclaration d’Indépendance qui se veut aussi la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Finalement, la déclaration d’Indépendance est votée et proclamée au peuple en Public.

Drapeau des États-Unis en 1776

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Source : http://wafflesatnoon.com/betsy-ross-first-american-flag/

Cohérence avec le PFEQ et la Progression des apprentissages (PDA)

D’abord, la présence de nombreux repères culturels du PFEQ comme le Boston tea party, la Déclaration d’Indépendance, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la présence de philosophes des lumières importants comme Benjamin Franklin et Thomas Jefferson démontre la cohérence de présenter cet épisode de la série « John Adams » parce qu’il structure et met en image ce qui doit être saisi par les élèves dans la réalité sociale des révolutions américaine et française.

La présence même des premières démonstrations du parlementarisme permet aux élèves de saisir les débuts du système dans lequel ils vivent. C’est la compétence 3 qu’ils peuvent développer. Ils comprendront que les droits et libertés de notre société ne sont pas venus d’eux-mêmes, mais qu’il a fallu que des gens se battent pour pouvoir les faire respecter.

Uniforme britannique porté par les soldats loyalistes / baïonnette écossaise de 1775

Source : http://www.museedelaguerre.ca/cwm/exhibitions/gallery1/revolution6_e.shtml

Ils réaliseront aussi qu’ils doivent à leur tour entretenir ces libertés et ces droits. La présentation d’un film permet de représenter ce qui a pu se passer. Elle permet de s’approprier l’importance des faits historiques en vivant les émotions qu’on put ressentir les premiers défenseurs de nos droits.

Ensuite, la compétence 2 est celle que les élèves pourront le plus travailler en visionnant l’épisode 2 de la série « John Adams » parce qu’ils pourront interpréter la réalité sociale de la révolution américaine à l’aide des différents repères culturels qui sont présents dans cet épisode.

Enfin, ils pourront se poser des questions sur les notions de droit, de liberté individuelle, de démocratie, etc. en interrogeant la réalité sociale à l’étude (compétence 1). Ils interrogeront cette réalité sociale par le billet de l’épisode qui suscitera de très nombreuses questions chez eux.

Le PFEQ affirme aussi qu’il est très utile pour les élèves de comparer la révolution américaine qui se dote d’un système démocratique avec un pays qui n’en possède pas. L’épisode 3 de la série « John Adams » est très pertinent dans ce sens, car il montre la vie de cour en France sous une monarchie absolue. Cette vie de cour s’identifie de beaucoup à la société d’ordre alors que les dirigeants des États-Unis appartiennent à une société de classe.

Il est intéressant de voir à quel point les modes de vie sont différents pour les dirigeants des deux Nations. On rencontre aussi dans cet épisode les dirigeants des Pays-Bas (Provinces-Unies) avec lesquels on peut aussi comparer les Américains. De plus, l’épisode 5 nous donne une idée des relations entre la révolution américaine et la révolution française parce qu’on y voit un désir de la population, par des manifestations de joie et des rassemblements publics, d’aider les Français dans leur révolution et même de s’unir à eux pour faire valoir leurs droits.

La première partie de la PDA permet aux jeunes de voir les droits que leur accorde leur société par la Déclaration des droits et libertés de la personne. Ils peuvent ensuite situer sa création dans le temps et en comparer les éléments avec ceux de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen présentés dans la série. Ensuite, la section de la PDA sur les philosophes des lumières et celle sur les patriotes américains luttant contre la monarchie britannique sont aussi abordées dans « John Adams ».

La première valeur qui est véhiculée dans cette réalité sociale est le libéralisme politique et économique (surtout pour la liberté de propriété privée et pour le libre commerce). Ce libéralisme politique inclut les droits et libertés « naturels » et fondamentaux si chers au philosophe John Locke sur lesquels s’est bâti la démocratie.

La deuxième valeur importante est celle du parlementarisme (Bailyn, 1989). Les révolutions américaine et française ont souhaité se libérer de la monarchie. Les Américains, ayant déjà le modèle du parlementarisme britannique, ont tenté de faire de lui les bases d’un nouveau gouvernement.

Une autre valeur incontournable est celle du patriotisme. Elle est mise à la une dans la télé-série, car elle a guidé beaucoup de dirigeants américains dans leur quête de liberté.

The Old House (la Vieille Maison) ou Peacefield à Quincy au Massachusetts.

Maison de la famille Adams de 1788 à 1927.

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Source : Carol M. Highsmith Archive/Library of Congress, Washington, D.C. (LC-DIG-highsm-14860), cité dans Joseph J. Ellis, John Adams President of United States, Encyclopédie Britannica, [en ligne], [https://www.britannica.com/biography/John-Adams-president-of-United-States], consulté le 21 novembre 2017.

Appréciation et pertinence de l’oeuvre

J’ai choisi cette œuvre pour sa qualité au niveau historique. La maison de production HBO est très réputée pour ses études approfondies pour la production de ses télé-séries. Celle-ci est parmi les rares sur la Révolution américaine d’une aussi bonne qualité historique. Elle accorde une place importante à la femme de John Adams (Abigaël) ce qui est un point positif de la série.

De plus, elle aborde beaucoup de référents culturels du PFEQ ce qui est excellent pour être présenté à des élèves du secondaire. Il faut aussi dire que la série ne comporte ni langage grossier ni nudité, ce qui est tout indiqué pour être visionné en classe.

Je présenterais l’épisode 2 de la série « John Adams » après avoir vu en classe les droits et libertés et après avoir travaillé sur la Déclaration canadienne des droits et sur la Chartes des droits et libertés de la personne (Québec). De cette façon, il y aurait possibilité de comparer avec la Déclaration des droits et libertés de l’homme et du citoyen. De plus, une fois que les élèves auront acquis quelques notions pour comprendre leur société actuelle, ils pourront apprendre comment s’est formée la première démocratie en visionnant l’épisode.

L’historienne L. Rhoden, professeure à l’Université de Princeton, révèle que les films représentants la Révolution américaine avaient grandement tendance à créer des visions antagonistes fausses des groupes en opposition. Par exemple, les nationalistes américains étaient vus comme des patriotes alors que les nationalistes britanniques (loyalistes) étaient vus comme de vils personnages (2007).

La télé-série « John Adams » montre, quant à elle, les Britanniques comme des partisans de l’Empire à qui s’opposent les nationalistes américains, mais elle n’attribue aucun monopole de la méchanceté ou de la bonté. Il est évident que le rôle de l’enseignant sera de proposer, lors de la présentation de cet épisode, les nuances nécessaires à l’apprentissage le plus représentatif possible du consensus des historiens. C’est en effet une des principales difficultés de la présentation d’un film en classe.

Enfin, l’enseignant devra expliquer préalablement le contexte historique de la Révolution américaine sans compter qu’il pourrait avoir à expliquer certaines intrigues de l’épisode qui peuvent être difficiles à comprendre pour les élèves.

Patrick Blais

Sources :

B., Bailyn (1989), Les thèmes centraux de la Révolution américaine : une interprétation, Le Débat, n° 57, p. 131-147.

Joseph J. Ellis, John Adams President of United States, Encyclopédie Britannica, [en ligne], [https://www.britannica.com/biography/John-Adams-president-of-United-States], consulté le 21 novembre 2017.

L. Rhoden. (2007), Patriots, Villains and the Quest for Liberty: How American Film has Depicted the American Revolution, Canadian Review Of American Studies, 37(2), p. 205-238.

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